Le chauffage au bois, une source d’énergie responsable

Il existe toutes sortes de ouï-dire concernant les appareils de chauffage au bois. En effet, dans les dernières années, beaucoup de lettres ont été tapées à propos de l’impact des appareils de chauffage à combustible solide sur l’environnement. Avec la densification de la population, les études avancées sur la qualité de l’air et la mise de l’avant des enjeux environnementaux, notamment à cause du réchauffement climatique, l’Agence américaine de la protection de l’environnement (EPA) s’est grandement penchée sur l’utilisation et la fabrication des appareils de chauffage.

À l’échelle locale, la réglementation sans précédent de la ville de Montréal qui permet uniquement les appareils de chauffage au bois qui respectent un taux d’émissions maximum de 2.5 g/h sur son territoire a alimenté les discussions sur nos habitudes de vie hivernales.

Néanmoins, qu’en est-il finalement? Le chauffage au bois est-il en ligne avec vos valeurs environnementales? Nos experts vous ont préparé un article sur le sujet. Nous vous laissons donc la liberté de vous faire une opinion à la suite de la lecture de ces quelques points à considérer.

Un chauffage d’appoint

Au Québec, nous sommes chanceux d’avoir accès à une électricité faite à base d’énergie renouvelable, c’est-à-dire qu’elle est générée principalement par l’hydroélectricité. Ce qui n’est néanmoins pas le cas dans bien des régions du monde où les centrales sont majoritairement au charbon ou même à l’huile. Il est important de comprendre que si nous étions dans une telle situation, le chauffage électrique ne serait plus écologique, il serait même plus polluant que d’autres sources comme le bois. 

Avec l’intensité de nos hivers qui durent plusieurs mois par année, on peut dire que le chauffage est essentiel pour tous les Québécois. Il importe donc d’apprécier notre source principale de chaleur, qui est à la fois électrique et écoresponsable. 

D’un autre côté, une grande partie des demeures québécoises sont munies d’un poêle à bois à titre de chauffage secondaire, d’où l’appellation chauffage d’appoint.  Il faut d’ailleurs prendre en considération que les appareils au bois ne sont que très rarement la source principale de chaleur d’une habitation. Ils ne sont donc pas en utilisation constante ou à plein régime afin de fournir de la chaleur dans toutes les pièces.

Une réglementation sévère

De plus, il faut prendre conscience que, comme toutes les industries, les appareils de chauffage d’appoint ont grandement évolué au cours des dernières années. Avec l’avancement de la recherche sur les impacts environnementaux, les manufacturiers ont désormais une grande pression des instances gouvernementales pour respecter des normes que l’on croyait jusque-là inatteignables. La plus récente d’entre elles est la norme 2020 de l’EPA qui vise à réduire le taux d’émissions des appareils de chauffage au bois à un maximum de 2 g/h. Concrètement, depuis le 15 mai 2020, tous les appareils fabriqués et vendus en Amérique du Nord doivent respecter cette norme. 

Pour mieux saisir l’évolution, il faut savoir que lors de la mise en place de la première norme EPA en 1988, l’industrie du poêle et foyer a réduit les émissions de particules de ses appareils de 88% par rapport aux appareils précédemment non certifiés qui produisaient entre 60 et 80 g/h de particules organiques dans l’air. Aujourd’hui, les compagnies œuvrant dans l’industrie, comme Jøtul, RSF et Pacific Energy, se sont vite adaptées. 

Image 1 : Évolution de la norme EPA au fil du temps (g/h)

Saviez-vous que…

Dans le domaine du poêle et foyer, on fait référence aux anciens appareils non certifiés par le nom de «Smoking Dragon» ou les «Dragons» en français. Ils portent ce nom en référence à la quantité de fumée noire qui se dégageait des cheminées lorsqu’ils étaient en fonction. Aujourd’hui, les poêles produisent si peu d’émissions que la fumée est presque invisible.

Malheureusement, il existe encore de vieux appareils qui sont en activité et qui produisent plus de particules que les normes actuelles. C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs villes, en association avec l’Association des professionnels du chauffage d’appoint (APC), étudient actuellement des projets de loi visant à imiter de grands centres comme Québec et Montréal qui permettent désormais uniquement l’utilisation d’appareils de chauffage modernes et aux normes les plus strictes. Ces villes forcent ainsi le remplacement ou la mise hors service des poêles dépassés et polluants.

Pour mieux comprendre l’intervention des villes, il faut savoir que l’EPA réglemente actuellement la vente et la fabrication des appareils de chauffage au bois. Cela veut donc dire que quelqu’un qui aurait déjà un appareil non certifié peut tout de même s’en servir dans la plupart des régions du Québec. Malgré des programmes de remplacement et de recyclage offerts par des manufacturiers comme Jøtul pour inciter les gens à changer pour des appareils modernes, certains usagers ne démordent pas de leur vieux poêle à bois. Avec l’intervention des villes, les citoyens doivent alors impérativement changer pour des appareils plus soucieux de l’environnement, et également beaucoup plus efficaces au niveau de la consommation.

Le cycle du carbone

Un des autres avantages du chauffage au bois au Québec est que nous avons une grande industrie forestière qui dispose d’une source de bois gérée de manière écoresponsable. Ce même bois qui, comme nous le rappelle l’entreprise québécoise RSF, fait partie d’un cycle naturel.

«Le carbone suit un cycle naturel en passant de l’atmosphère vers la forêt pour ensuite être libéré de nouveau dans l’atmosphère. […] Les arbres absorbent le dioxyde de carbone de l’air pendant leur croissance. […] Lorsque les vieux arbres meurent et pourrissent, ou qu’ils sont brûlés lors d’un incendie de forêt, leur carbone se retrouve libéré dans l’air sous forme de dioxyde de carbone. C’est le cycle naturel du carbone.»

Image 2: Cycle du carbone par rapport au chauffage au bois

Cycle du carbone par rapport au chauffage au bois

Prenant en considération, comme le mentionne le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), qu’«il y a toujours autant d’arbres au Québec» année après année et que «la jeune forêt emmagasine plus efficacement le gaz carbonique (CO2)», le fait de chauffer au bois contribue au sain maintien du cycle du carbone et à la purification de l’air indirectement. En effet, un arbre mature doit éventuellement mourir et libérer le CO2 qu’il a accumulé afin d’assurer une régénération adéquate de nos forêts. Puisque les forêts qui renaissent sont bien souvent jusqu’à 20 fois plus denses, si les arbres ne sont pas récoltés, les nouvelles pousses ne pourront pas se développer, et ainsi absorber encore plus de CO2 que ce qui était présent au départ. Cela fait partie du processus de maintien et de régénération de la forêt.

Le fait d’utiliser le bois pour le chauffage redirige la majeure partie de l’énergie du cycle du carbone pour réchauffer nos demeures. Cette pratique est donc plus écologique que l’utilisation d’énergies fossiles qui libèrent un carbone qui n’était pas présent dans l’atmosphère au départ puisqu’il était enfoui. En effet, la combustion du bois ne relâche pas plus de CO2 dans l’atmosphère que si celui-ci s’était décomposé dans une forêt non exploitée.

Prendre de bonnes habitudes de chauffage

Bien que les manufacturiers fassent tout leur possible pour réduire les impacts environnementaux et assurer la plus grande efficacité possible de leurs appareils, il y a plusieurs choses que l’utilisateur peut faire pour réduire les impacts de son chauffage sur l’environnement. 

  • Brûler des matériaux de qualité : Il est important d’utiliser un bois sec et non résineux comme l’érable, le bouleau ou le chêne pour alimenter votre appareil. Le fait de brûler des déchets, du bois peint ou des produits plastiques générera des particules nocives qui ne sont pas du CO2 et qui contribueront à la pollution atmosphérique. De plus, cela encrassera les mécanismes de combustion secondaire de votre appareil et l’empêchera de fonctionner adéquatement à l’avenir.
  • S’assurer d’une bonne isolation : Comme on aime bien le dire : «Il ne faut pas chauffer le dehors». Le fait d’isoler l’intérieur de la demeure fera en sorte que le poêle devra fonctionner moins longtemps et moins intensément afin d’obtenir une température adéquate.
  • Utiliser des bûches compressées : Il y a plusieurs avantages aux bûches faites de copeaux et résidus de bois. Entre autres, celles-ci permettent la valorisation et l’utilisation des déchets de l’industrie forestière. De plus, elles ne contiennent aucun liant chimique nocif.
  • Redonner les cendres à la terre : Il existe une multitude d’utilisations pour la cendre de bois. Certaines plus farfelues que d’autres. Néanmoins, il y en a une qui est la plus commune depuis des siècles et il s’agit de s’en servir comme engrais. En effet, lorsque celles-ci sont froides, n’hésitez pas à les saupoudrer dans votre jardin ou votre gazon. Vous compléterez ainsi le cycle de l’utilisation du bois.
  • Entretenir son appareil : Un poêle au bois perdurera pour un bon nombre d’années s’il est entretenu et inspecté régulièrement. Cela permettra ainsi d’éviter le recyclage d’un appareil avant le temps et assurera qu’il fonctionne efficacement et proprement, comme il a été conçu au départ.

En conclusion, nous espérons que cet article vous permet désormais d’avoir une opinion plus éclairée sur le chauffage au bois, et ce en ce qui concerne l’environnement. En effet, il est important de bien comprendre l’évolution et la responsabilité de l’industrie du chauffage par rapport à cet enjeu, mais aussi de l’utilisateur. Le chauffage est essentiel à cause du climat du Québec, mais cela ne veut pas dire que l’on n’est pas en mesure de faire des choix responsables qui nous apportent du confort, tout en rassurant nos valeurs environnementales. En ce sens, le chauffage au bois est une option qui redonne plus qu’il ne prend.

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